Des collègues de l’Académie d’Aix-Marseille ont écrit une lettre ouverte accompagnée d’une pétition au Ministère concernant l’organisation de l’année de Terminale Bac Pro. Nous relayons ici leur initiative et vous invitions à signer la pétition.
à Madame Anne Genetet, Ministre de l’Education Nationale
et Monsieur Alexandre Portier, Ministre délégué à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre délégué,
Le gouvernement démissionnaire Attal-Belloubet a laissé en héritage au gouvernement Barnier une réforme de l’année de terminale Bac Professionnel qui s’annonce comme une catastrophe et qu’il est encore temps d’abroger.
- Ainsi, les épreuves du Bac pro (disciplines professionnelles et générales) seraient avancées au 12 mai 2025, sacrifiant un mois entier de cours pour permettre aux enseignant.e.s de boucler les programmes. Tou.te.s les collègues savent que cela est intenable.
- Dès le premier trimestre, les équipes enseignantes devraient trier les élèves de Terminale Bac Pro leur demandant de choisir rapidement entre l’insertion et la poursuite d’études.
- A ceux qui choisiront l’insertion, on promettrait 6 semaines de stage rémunéré et une marche vers le premier emploi. A ceux qui voudraient poursuivre leurs études, on annoncerait six semaines de “cours renforcés” en maths et en français. Tout le monde a bien compris le sens de cette ségrégation poussant les jeunes les plus fragiles socialement à renoncer à l’élévation de leur qualification.
- Au terme de ces six semaines de parcours différenciés, il sera difficile de faire revenir tous les élèves dans les centres d’examen pour leur faire passer deux épreuves à faibles coefficients (PSE et oral de « projet ») conditionnant pourtant la validation du diplôme.
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre délégué, vous n’avez pas élaboré cette réforme, vous n’en n’êtes pas responsable, et le gouvernement qui l’a voulue a perdu les élections en juin-juillet 2024.
Pour notre part, nous jugeons que c’est une réforme discriminatoire contre les jeunes issus des milieux populaires que nous accueillons dans nos LP, une réforme dictée par une politique d’emploi au rabais dans les secteurs économiques en tension, et de plus une réforme mal improvisée.
Depuis la rentrée 2024, en effet, les équipes éducatives et les directions d’établissements sont livrées à elles-mêmes pour mettre en œuvre des procédures incertaines. Nul ne sait précisément comment seront organisées les six semaines du “parcours différencié”, quel sera le contenu des enseignements “renforcés”, quelles missions devront accomplir les enseignants et dans quelles conditions statutaires. Le stage de 6 semaines n’étant pas une PFMP qualifiante, les professeurs seront réduits à un contrôle très incertain de l’assiduité des jeunes. Les mesures d’économies budgétaires annoncées par le gouvernement laissent craindre la suppression de la (faible) rétribution du stage.
Nous, enseignant.e.s en LP qui connaissons nos élèves, redoutons une immense pagaille dans les LP au mois de mai 2025 : si les épreuves principales du Bac Pro ont effectivement lieu à la mi-mai, on assistera à un décrochage généralisé de nos jeunes, tant de la part des stagiaires que des élèves restés en classe. Cela avait été le cas dans la voie générale et technologique en 2023, lors de la malheureuse expérience de l’organisation des épreuves du Bac en mars… qui a d’ailleurs été abandonnée.
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre délégué, vous avez le pouvoir d’éviter ce désastre en annulant cette réforme. Il en est encore temps, et nous serons capables de rectifier rapidement un calendrier sur des bases plus cohérentes, plus justes et plus solides.
Nous vous demandons d’abroger la réforme de l’année de terminale Bac Pro, d’annuler le parcours différencié, de reprogrammer les épreuves terminales du Bac Professionnel au mois de juin.
Plus d’infos sur le site du Café Pédagogique