Depuis le mois de janvier, les personnels de l’Éducation se mobilisent pour obtenir les moyens nécessaires
à la réussite de leurs élèves, pour leur salaire et contre le « choc des savoirs ».
Le « choc des savoirs » est un renoncement à toute ambition émancipatrice de l’École et instaure une
ségrégation assumée entre les élèves en difficulté et les autres ainsi qu’une discrimination sociale.
L’organisation des enseignements de français et de mathématiques en groupes de niveaux en collège est
une véritable usine à gaz, néfaste pour les élèves, particulièrement pour les plus fragiles et qui va dégrader
les services des personnels. Les nouveaux programmes, la labellisation des manuels et la généralisation à
tous les cycles des évaluations nationales vont restreindre la liberté pédagogique et remettre en cause la
professionnalité des enseignant·es ; le DNB couperet et les « prépa secondes » vont aggraver le tri social.
La réforme de la voie professionnelle est dans la droite ligne de la logique de libéralisation du marché du
travail, en réduisant les offres de formation des jeunes, quels que soient leurs vœux, aux besoins du bassin
d’emploi et en imposant un parcours différencié réduisant le temps à l’École. C’est un renforcement du tri
social des élèves en les assignant à leur classe et à leur lieu de vie. C’est de nouveau un plan « social » qui
se dessine chez les PLP avec la fermeture des formations considérées comme non insérantes.
Les conditions de travail des personnels se dégradent et les travailleurs·euses subissent une perte de sens
de leur métier : manque d’infirmier·es et d’assistant·es sociales face aux difficultés de plus en plus criantes
de nos élèves, manque d’AED et d’AESH, qui subissent en plus la maltraitance institutionnelle, manque de
personnels techniques et administratifs à qui on impose l’expérimentation de nouveaux outils…
Ce n’est pas d’un choc des savoirs dont l’Éducation nationale a besoin mais bien d’un choc des moyens et
des salaires. L’Éducation nationale ne peut faire l’économie des près de 700 millions d’euros dont veut la
priver le gouvernement.
À l’image de ce qu’a vécu l’hôpital public, le service public d’Éducation s’enfonce dans une crise sans
précédent sous les coups de boutoir des politiques austéritaires et antisociales de ce gouvernement.
Les grèves nationales des 1er et 6 février des 8 et 19 mars et du 2 avril ainsi que l’ensemble des actions
locales, grèves, manifestations, rassemblements, réunions publiques, pétitions, « collèges morts », « nuits
des écoles et des établissements » ont démontré l’ampleur de la colère des personnels de l’Éducation
nationale et permis de convaincre les parents de la dangerosité des groupes de niveaux.
C’est en ancrant cette mobilisation dans la durée par exemple, par plusieurs jours de grèves consécutifs,
que nous obtiendrons satisfaction des revendications.
C’est pourquoi nos organisations, CGT Éduc’action, FNEC-FP-FO, FSU, SUD éducation, appellent les
personnels à se réunir dès la rentrée de chaque zone de vacances afin de débattre des suites et des
modalités de la mobilisation.
Nos organisations appellent les personnels à refuser de mettre en œuvre le tri des élèves dans des groupes
et à bloquer la réforme.
Elles soutiennent toutes les grèves, y compris reconductibles et autres formes de mobilisations
(manifestations, rassemblements etc), en cours et à venir, décidées par les personnels ou proposées par les
intersyndicales locales et à participer massivement à la mobilisation du 1er mai.
Elles appellent à faire de la semaine du 13 mai, une semaine d’amplification et de convergence de toutes
ces mobilisations et à participer massivement aux manifestations unitaires avec les parents d’élèves du
samedi 25 mai « contre le choc des savoirs, pour le choc des moyens et des salaires pour l’École publique ».
Paris, le 25 avril 2024